Quelles perspectives pour les professionnels de l'autonomie ?

Publié le : 17 novembre 2023-Mis à jour le : 17 novembre 2023

Le 16 novembre, depuis le studio l’Antenne à Paris, plus de 30 intervenants - chercheurs, innovateurs de terrain, acteurs et décideurs publics - ont partagé leurs travaux et réflexions lors des 7es Rencontres recherche & innovation de la CNSA dédiées aux « professionnels de l’autonomie au travail ». Avec, à la clé, un diagnostic partagé et un consensus sur les leviers à mobiliser pour l’attractivité des métiers de l’autonomie, la fidélisation et l’engagement des professionnels. 

Quelles perspectives pour les professionnels de l’autonomie ? La question a été traitée dans toute sa complexité entre difficultés et opportunités, exigence de reconnaissance et présence indispensable pour garantir l’autonomie des personnes.

Les professionnels de l’autonomie : divers dans leurs métiers, unis par le sens de leur utilité sociale   

Le nombre des professionnels de l’autonomie est estimé à environ 1,4 million, et plus de 1,7 million en intégrant les services à la personne. Leur nombre se situe en réalité au-delà : cette estimation n’intègre pas les professionnels des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), des services autonomie des conseils départementaux, des centres locaux d’information et de coordination (CLIC), etc. ; non plus la part croissante des professionnels de l’éducation, de l’emploi et de la santé engagés dans le soutien à l’autonomie des personnes concernées.

Ces professionnels exercent à domicile, en établissement, dans le cadre de services publics ou en libéral. Hors l’intervention directe auprès des personnes, ils occupent également des métiers de coordination et de management, de proximité ou stratégique (responsables d’équipes, directeurs d’établissements et services médico-sociaux...).

Ces métiers sont riches de sens, et porteurs d’utilité sociale. Cette utilité sociale est très revendiquée par les professionnels de l’autonomie. Pour autant, ces métiers sont exigeants pour ceux qui les occupent ; leurs conditions de travail et d’emploi appellent une attention spécifique ; ils rencontrent des difficultés d’attractivité, de fidélisation et d’engagement, alors même que la pyramide des âges des professionnels en poste et les évolutions démographiques conduisent à une dynamique très forte de recrutements, qui se prolongera dans les années à venir.

D’ici à 2030, les projections statistiques nous signalent que le marché du travail en France présente un déséquilibre entre les besoins de recrutement et le nombre de jeunes actifs débutants. Dans cette conjoncture peu favorable, les tensions sont particulièrement fortes dans le champ de l’aide, de l’accompagnement et du soin à la personne.

Un secteur à l’heure de la réinvention des métiers, des parcours professionnels et des organisations

Les intervenants ont convergé sur les problématiques principales à investir et les solutions.

Le soutien à la qualité et au sens du travail, tant par les modèles tarifaires que par les organisations de travail, ainsi que la maîtrise de la charge de travail, sont à associer à la poursuite des actions engagées en matière de revalorisation des métiers et d’amélioration des environnements de travail.  

L’ouverture sur le droit commun, le principe de parcours et les progrès de la coordination, la promotion de l’autodétermination des personnes concernées revêtent un fort potentiel d’évolution des identités professionnelles et des compétences.

La scolarisation et l’emploi en milieu ordinaire des personnes en situation de handicap ont fait émerger de nouveaux métiers (accompagnants d'élèves en situation de handicap, conseiller    emploi accompagné) ou revisitent les métiers existants (par exemple, les métiers enseignants). Il en est de même avec les dispositifs de coordination (dispositifs d’appui à la coordination, communautés 360°, ...) : les coordonnateurs sont devenus des acteurs essentiels de « l’apprivoisement » de la diversification de l’offre, pour en réduire la complexité et en générer le meilleur parti au bénéfice des personnes.

Avec des missions de plus en plus diversifiées et une approche attentive aux parcours de vie, l’exercice professionnel se joue au pluriel en associant différents métiers, les proches aidants et les personnes âgées ou handicapées elles-mêmes. Ces approches partagées sont souvent valorisantes, avec le défi d’installer des pratiques communes et une confiance mutuelle favorable à la coopération.

Ainsi, les cursus de formation et les certifications professionnelles doivent se renouveler pour intégrer des pratiques d’innovation sociale  et ainsi suivre l’évolution des métiers et de la société. Par ailleurs, le travail en coordination fonctionne dès lors que les professionnels comprennent les attentes des uns et des autres - c’est l’enjeu de formations partagées -, mais également que les tâches et les temps de coordination sont identifiés et solvabilisés financièrement.

Les échanges ont enfin témoigné du réinvestissement des enjeux managériaux et des organisations de travail : des organisations plus sûres, plus collectives, plus apprenantes, plus étayantes, et par là, plus performantes, sont accessibles, ainsi qu’un usage pertinent des aides techniques et du numérique.    

Il est possible de limiter les risques professionnels - troubles musculo-squelettiques, chutes de plain-pied notamment - en favorisant l’autonomie de mouvements et de déplacement des personnes âgées ou en situation de handicap, ou en choisissant mieux les matériels et aides techniques.

En soutenant leurs collaborateurs qui engagent une validation des acquis de l’expérience, les responsables d’établissements et services médico-sociaux contribuent à fidéliser leurs équipes.

De même, transformer les modèles organisationnels existants et proposer de nouveaux fonctionnements des équipes en laissant davantage d’autonomie aux professionnels et en redonnant un sentiment d’appartenance au collectif de travail, c’est aussi permettre d’offrir de meilleures conditions de travail et un accompagnement aux bénéficiaires plus qualitatif.

Des ressources et partenariats peuvent être mobilisés par les employeurs du secteur, avec un appui proposé par les CARSAT et ARACT, les plateformes des métiers de l’autonomie et les autres acteurs de l’innovation organisationnelle sur les territoires.

Jean-René Lecerf, président du Conseil de la CNSA, et Denis Piveteau, conseiller d’État, ont invité de concert les participants à réfléchir sur le lien entre pouvoir d’agir des personnes et pratiques professionnelles. « Plus de pouvoir d'agir pour les personnes, cela signifie plus de pouvoir d'agir pour les professionnels et réciproquement » a résumé Denis Piveteau.

Plus de 1500 personnes ont participé à l’événement ce 16 novembre.

Les séquences de cette journée seront disponibles en replay sur la chaine Youtube du service public de l’autonomie.

 

 

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