L'IPP publie son rapport de recherche sur les conditions d’un virage domiciliaire réussi pour les baby-boomers

Publié le : 14 mars 2023-Mis à jour le : 16 mars 2023

Selon l’Institut des politiques publiques (IPP), la réponse des politiques publiques au défi démographique des années 2030-2040 devra être d’une ampleur bien plus importante que ce qui a été fait dans la dernière décennie pour faire face au vieillissement de la population.

À l’approche du vieillissement des baby-boomers et en réponse au souhait majoritaire des personnes de vieillir chez elles, le programme de recherche lancé en 2019 par l’Institut des politiques publiques (IPP), dans le cadre d’un contrat de recherche avec la CNSA, cherche à apporter des connaissances, jusqu’ici manquantes, sur les personnes âgées en perte d’autonomie dans trois dimensions : les trajectoires individuelles des personnes âgées, l’aide de l’entourage et les disparités territoriales.

À l’issue de leurs recherches, le présent rapport « Vieillir à domicile : disparités territoriales, enjeux et perspectives » d’Amélie Carrère, Delphine Roy et Léa Toulemon, économistes à l’IPP, interroge les conditions de possibilité du « virage domiciliaire ».

  • Tout d’abord, en montrant que les résidents d’établissement sont une population aux besoins particulièrement importants, mais également une population hétérogène. La vie à domicile des publics actuellement résidents en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) demandera une prise en charge à la fois quantitativement plus importante et qualitativement adaptée. S’agissant des plus jeunes d’entre eux, entre 60 et 75 ans, ils cumulent souvent les difficultés et leur plus grand isolement social rendrait leur vie à domicile d’autant plus complexe.
  • En montrant que l’aide informelle n’est pas inépuisable. De nombreux facteurs influencent le fait d’aider ou non un proche en perte d’autonomie et le type d’aide apportée, notamment le genre des aidants potentiels. Les projections du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie et d’aidants potentiels montrent que cette ressource pourrait venir à manquer dès les années 2030, notamment pour les hommes âgés, qui seront de plus en plus nombreux à n’avoir ni conjoint ni enfant. Les personnes âgées en perte d’autonomie de demain pourront donc moins compter sur leurs proches pour les aider. Le virage domiciliaire devra nécessairement s’accompagner d’une politique de soutien aux aidants familiaux et d’une réflexion sur leur contribution à la prise en charge de la perte d’autonomie.
  • Ensuite, parce que les besoins de prise en charge des personnes âgées sont différents selon les départements. D’une part, les caractéristiques de la population diffèrent. Certains départements se distinguent par une proportion de personnes âgées atteintes par des troubles cognitifs relativement plus élevée, et dont les besoins sont actuellement moins fréquemment pris en charge à domicile. D’autre part, l’offre est d’ores et déjà en tension et inégalement répartie sur le territoire. Certains départements ont privilégié une prise en charge en établissement ; ils devront fortement s’adapter pour réussir le virage domiciliaire annoncé.
  • Enfin, les budgets des conseils départementaux, qui financent une grande partie des dépenses de prise en charge de la perte d’autonomie, sont hétérogènes. La contrainte budgétaire des départements limite nécessairement les dépenses d’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Selon les résultats de la recherche, les départements tendraient à arbitrer entre nombre de bénéficiaires de l’APA et montant moyen attribué par bénéficiaire d’APA. Les départements budgétairement les plus à l’aise accordent à la fois plus souvent l’APA et des montants plus élevés, avec un enjeu d’équité territoriale pour les bénéficiaires potentiels.

Les résultats montrent que la prise en charge des personnes des générations nombreuses du baby-boom qui connaîtront la perte d’autonomie demandera des investissements importants, que ce soit à domicile ou en établissement, et a fortiori si l’on souhaite permettre la vie à domicile d’une fraction plus importante qu’aujourd’hui des personnes âgées en perte d’autonomie.

Retrouvez un résumé des principaux résultats dans la synthèse proposée en ouverture du rapport complet « Vieillir à domicile : disparités territoriales, enjeux et perspectives » (zip, 3.95 Mo).

Pour aller plus loin

Les replays des webinaires de valorisation du programme :

Les publications scientifiques :

 

Retour en haut