Les Cifre vues par une doctorante : « il faut être motivé par son sujet »

Publié le : 03 octobre 2019-Mis à jour le : 03 octobre 2019

Angélique Giacomini, doctorante en sociologie au Centre Georges Chevrier de l’université de Bourgogne - Franche-Comté et chargée de la formation et de la recherche à l’Association Réseau francophone des villes amies des aînés.

Quel était votre sujet de thèse ?

Mon travail de recherche avait pour but d’analyser l’évolution des politiques publiques des collectivités territoriales pour faire face au vieillissement de leur population, de comprendre comment les territoires se sont appropriés la démarche proposée par le Réseau francophone des villes amies des aînés qui vise à faire advenir une société inclusive, une société où toutes les personnes peuvent vivre ensemble, chacun avec son âge et non pas à cause de son âge.

Pour cette thèse, j’ai réalisé 70 entretiens semi-directifs dans 13 communes de toutes tailles, réparties sur toute la France. J’étais encadrée par deux directeurs de thèse rattachés au Centre Georges Chevrier, unité pluridisciplinaire en Sciences humaines et sociales de l’université de Bourgogne-Franche-Comté centrée sur le thème « Sociétés et sensibilités » :

Pourquoi avez-vous choisi de faire une thèse Cifre ? Quelles étaient vos motivations ? En étiez-vous à l’initiative ?

Après mon master 2 en sociologie du vieillissement, j’ai été assez rapidement recrutée par l’association Réseau francophone des villes amies des aînés qui venait d’être créée sous l’impulsion de la ville de Dijon. Je n’avais pas l’intention de faire de la recherche. Cette idée m’a été suggérée par le délégué de l’association qui voyait dans cette démarche une façon d’asseoir scientifiquement la démarche inclusive proposée par le réseau des villes amies des aînés.

Sur le plan personnel, cette expérience m’a permis de monter en compétences, d’acquérir les codes de la démarche scientifique, les références théoriques et de créer de nombreux liens avec la communauté universitaire avec laquelle j’espère pouvoir rester en relation.

Parallèlement à votre thèse, quelle  mission votre employeur vous a-t-il confiée ?

Très vite, j’ai accompagné et formé nos adhérents. C’était beaucoup de travail, mais cela m’a permis d’être dans la réalité, dans une posture d’observatrice participante. C’est cette mission qui a donné du sens au travail de recherche dans lequel je me suis engagée. Aujourd’hui, nous sommes 5 salariés et j’occupe la fonction de déléguée adjointe en charge de la formation, de la recherche et de l’accompagnement.

Avez-vous rencontré des difficultés ?

J’étais physiquement basée au siège de l’association, il m’était parfois difficile de me sentir intégrée à la vie universitaire, d’apprendre les codes de la recherche, d’établir des relations avec les autres chercheurs. Cela demande plus d’effort que si vous êtes hébergé dans le laboratoire. L’attitude du directeur de thèse est à cet égard déterminante. Certains chercheurs, notamment en Sciences humaines et sociales, sont parfois tentés de ne pas s’investir suffisamment dans l’encadrement des doctorants Cifre.    

Quelles ont été vos satisfactions ? Vos regrets ?

Ma plus grande satisfaction a été de me sentir utile. Mon travail a abouti à une série de recommandations à l’attention des collectivités territoriales qu’elles vont pouvoir mettre en œuvre dans les années à venir et qui rendront la vie plus facile aux personnes âgées.
J’ai aussi beaucoup aimé le travail de terrain, d’enquête, que j’ai dû mener pour recueillir des données. Les personnes que je rencontrais ne savaient pas toujours que j’étais « chercheur » puisque j’intervenais dans le cadre du réseau. Elles se sont d’autant plus facilement livrées et je les remercie encore de la confiance qu’elles m’ont accordée.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants en master ?

Quand on prépare une thèse dans le cadre d’une convention Cifre, il faut être motivé par son sujet. Ce n’est pas de la recherche pour de la recherche. C’est de la recherche qui a une utilité sociale.

Comme je l’ai dit, il est parfois difficile de concilier le travail de recherche avec notre mission professionnelle. Pour tenir, il faut beaucoup de bienveillance et de lucidité de la part de l’employeur et du directeur de thèse, mais aussi une grande motivation de l’étudiant pour son sujet. Il faut être convaincu de son utilité, au-delà des résultats scientifiques.

 

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