Que s'est-il passé dans les EHPAD durant la première vague de Covid-19 ? Du témoignage à l'analyse

Publié le : 15 décembre 2022-Mis à jour le : 24 janvier 2023

COVIDEHPAD, une recherche qualitative, multicentrique et prospective analyse les témoignages de professionnels, de résidents et de leurs proches tels que recueillis lors de la première vague Covid. Les résultats de cette recherche seront présentés lors de 3 webinaires « Rendez-vous de la recherche sur l’autonomie » à partir de janvier 2023.

Covid-19 en EHPAD : à situation inédite, recherche inédite

L'épidémie de Covid-19 a provoqué une situation inédite qui a bouleversé tous les cadres de vie. Les personnes résidant en EHPAD et celles qui y travaillent ont été particulièrement touchées par cette crise sanitaire. Dans ce contexte, il a été essentiel d'observer et de rassembler dès que possible des témoignages afin de garder une trace des vécus singuliers. C'est pourquoi la Plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie a coordonné à partir d'avril 2020 une étude multicentrique qualitative afin d'observer et d'analyser en temps réel les conséquences de la première vague de l’épidémie dans ces établissements. La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a soutenu cette recherche aux côtés de la Direction générale de la Recherche et de l’Innovation (DGRI) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

Dans six régions de France métropolitaine (Auvergne Rhône-Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Grand Est, Hauts de France, Ile-de-France et Bretagne), 26 chercheurs en sciences humaines et sociales (sociologues, psychologues, anthropologues et philosophes) ont mené 269 entretiens. Les personnes interviewées étaient majoritairement des professionnels (62%) mais des résidents (15%) et leurs proches (23%) ont aussi participé à l’enquête. L'objectif de ces entretiens était de comprendre l’expérience et le ressenti de ces personnes confrontées aux situations de confinement, de fins de vie et de décès.

La finalité de cette recherche est d’objectiver la diversité des situations, à l’écart du filtre médiatique, et de rendre visible la manière dont les professionnels et les résidents se sont efforcés de faire face à cette crise et à ses conséquences.

Pour en savoir plus sur cette recherche vous pouvez consulter le rapport final (pdf) et sa synthèse (pdf).

3 Rendez-vous de la recherche prévus en 2023

En partenariat avec la Plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie, la CNSA organise une série de 3 webinaires pour rendre-compte des résultats de l’enquête CovidEHPAD.

  • Habiter en EHPAD : en temps ordinaire et en temps de pandémie

Lundi 23 janvier de 13h à 14h
Ce 8e Rendez-vous de la recherche sur l’autonomie mettra en évidence les expériences variées des résidents lors du premier confinement en fonction des modalités de l'« habiter en EHPAD ». Ceux qui vivaient repliés dans leur chambre ont vu peu de différences par rapport à leur vie d’avant tandis que ceux qui s'appropriaient les espaces collectifs l'ont davantage perçu comme une privation. Enfin, ceux qui étaient tournés vers l’extérieur de l’établissement insistent plutôt sur l’absence de liberté de circuler. Trois autres facteurs éclairent également les expériences du confinement : les modalités de confinement mises en place par l’EHPAD, les ressources occupationnelles ou relationnelles que les EHPAD ont pu mobiliser et la trajectoire antérieure des résidents.

Invités :
Frédéric BALARD, maître de conférences en sociologie, laboratoire 2L2S (Université de Lorraine).
Pauline LAUNAY, post-doctorante, laboratoires Pacte (Université Grenoble-Alpes) et CERReV (Université Caen Normandie).
Discutant : Stéphane CORBIN, directeur adjoint de la CNSA.

L’évènement est ouvert à tous, sur inscription.

  • Adaptations des pratiques professionnelles des équipes d'encadrement et des soignants de première ligne dans le contexte du premier confinement

Jeudi 9 mars de 13h à 14h
Le 9e Rendez-vous de la recherche sur l’autonomie portera sur l’adaptation des pratiques professionnelles durant le premier confinement en EHPAD. Entre février et mai 2020, l’entrée du virus et la surmortalité dans les maisons de retraite a généré de fortes incertitudes avec lesquelles les professionnels ont dû composer. À partir d’une enquête par entretiens auprès de 58 professionnels exerçant dans 13 Ehpad, deux types de résultats sont mis en évidence. D’une part, les directions ont œuvré à pallier la pénurie de matériel de protection tandis que les médecins coordonnateurs se sont appuyés sur les savoirs acquis par l’expérience d’épidémies antérieures, tout en conduisant un travail d’actualisation et de diffusion des connaissances médicales et scientifiques, en élaboration permanente. D’autre part, ces équipes ont été amenées à modifier le fonctionnement interne de l’ensemble des professionnels : présence dans les espaces, division du travail (glissement de tâches), ce qui a généré un surtravail pratique et symbolique.

Invités :
Françoise LEBORGNE-UGUEN, professeure de sociologie, laboratoire LABERS, Université de Bretagne Occidentale.
Clément DESBRUYERES, doctorant en sociologie, laboratoire LABERS, Université de Bretagne Occidentale.
Discutant : Romain GIZOLME, directeur de l'AD-PA
L’évènement est ouvert à tous, sur inscription.

  • Accompagnement de la fin de vie et traitement des défunts en EHPAD pendant la première vague de Covid-19

Jeudi 11 mai de 13h à 14h
Ce 10e Rendez-vous de la recherche sur l’autonomie portera sur l’accompagnement de la fin de vie et sur le traitement des défunts en EHPAD pendant la première vague de Covid-19. L’accompagnement des résidents en fin de vie a été compliqué par l’urgence de la situation épidémique et par le manque de personnel. Les professionnels évoquent une temporalité de travail accélérée et expriment le regret de n’avoir pas toujours pu accompagner « dignement » les résidents qui ont été fortement privés de visites de leurs proches au moment du premier confinement. En temps ordinaire, les professionnels estiment que l’accompagnement de fin de vie des résidents est une dimension essentielle dans le travail du care. Or, les conditions d’exercice pendant le premier confinement ont limité la durée et la qualité des interactions. Le toucher et les marques d’affection qui, d’ordinaire, occupent une place importante ont été entravés par les protocoles. Cette limitation de la dimension relationnelle a bousculé les valeurs partagées par ces professionnels. Aussi, le traitement du corps, puis de la dépouille n’ont pas permis de déployer les rites habituels qui donnent du sens à l’accompagnement et à la mort.

Invités :
Aline CHASSAGNE, maître de conférences en socio-anthropologie, Centre d’investigation clinique (CIC), CHU de Besançon et Université de Franche-Comté.
Germain BONNEL, docteur en sociologue, laboratoire CeRIES, Université de Lille.
Discutant.e : à venir.
L’évènement est ouvert à tous, sur inscription.

 

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