Inégalités de santé entre hommes et femmes : analyse des facteurs sociaux

Publié le : 01 juin 2016-Mis à jour le : 22 mai 2018

Pour identifier des déterminants sociaux de la santé spécifiques à chaque sexe, la recherche analyse, par des méthodes statistiques, différentes bases de données et enquêtes en population. Elle montre que, au-delà des différences de diplômes, de professions ou de revenus, les différences entre femmes et hommes en matière de parcours socio-économiques, familiaux ou professionnels participent à la moins bonne santé des femmes :

  • premier volet de l’étude, l’analyse des situations de santé confirme tout d’abord les différences de santé entre hommes et femmes. Celles-ci ont une espérance de vie supérieure de 6 ans, mais cet écart tend à se réduire. Les femmes déclarent plus fréquemment que les hommes des maladies invalidantes (troubles musculo-squelettiques et anxio-dépressifs), et ces différences participent à des durées de vie en incapacité plus grandes chez les femmes (+ 4,8 ans) : en partie du fait de leurs plus grandes chances de survie et en partie du fait des risques d’incapacité associés à ces maladies qu’elles déclarent plus fréquemment ;
  • l’analyse du rôle des situations socio-familiales met ensuite en lumière leur impact sur des troubles de santé particulièrement sources d’incapacité et de perte d’autonomie. Le cumul d’activités – travail, activités domestiques et aide de proches dépendants, plus fréquent chez les femmes, est associé à des limitations fonctionnelles physiques, à des symptômes de mal-être et à des limitations d’activité. Les résultats semblent également confirmer un effet de l’aide aux proches sur la santé perçue des caregivers, plus souvent des femmes ;
  • concernant les parcours conjugaux, les séparations conjugales exposent différemment les hommes et les femmes à la mauvaise santé : les différences face aux symptômes de mal-être suite à une séparation s’expliquent en partie par une baisse concomitante du niveau de vie chez les femmes qui y sont plus exposées que les hommes lors des séparations ;
  • enfin, l’analyse des situations professionnelles montre que les carrières inégales des femmes nuisent à la santé. Un premier emploi non qualifié ou indépendant, de moindres promotions dans les trajectoires professionnelles et des interruptions d’activité sont associés pour les deux sexes à la mauvaise santé. Cependant, surreprésentées chez les femmes, ces caractéristiques de carrière contribuent à leur désavantage en matière de santé mentale et de dysfonctionnement physique. La mise à son compte et le passage au salariat ont des effets sur la santé différenciés selon le sexe du fait de situations différentes derrière ces trajectoires ; mais les interprétations concernant le groupe très hétérogène des professions indépendantes sont très délicates à partir des sources disponibles.

En élargissant le champ des déterminants sociaux de la santé aux parcours de vie et à l’intersection entre les sphères professionnelle et familiale, cette recherche entendait élargir également les champs d’action des politiques publiques pour améliorer l’état de santé de la population et réduire les différences de santé entre hommes et femmes.

N. B. Les résultats présentés ici sont ceux posés dans le rapport final (PDF, 2016). Des articles sont en cours de finalisation.

Pour plus d’information sur ce projet

  • CAMBOIS E. « Des inégalités sociales de santé moins marquées chez les femmes que chez les hommes : une question de mesure ? », Revue d’épidémiologie et de santé publique, vol. 64, suppl. 2, 2016, p. 75-85.
  • CAMBOIS E., GARROUSTE C., PAILHÉ A. « Gender career divide and women’s disadvantage in depressive symptoms and physical limitations in France », SSM – Population Health, n° 3, 2017, p. 81-88.

À propos du laboratoire

Fondé en 1945, l’Institut national des études démographiques (INED) est devenu en 1986 un établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) placé sous la double tutelle du ministère chargé de la recherche et du ministère chargé des affaires sociales. L’institut a pour missions d’étudier les populations de la France et des pays étrangers, de diffuser largement les connaissances produites et d’apporter son concours à la formation à la recherche et par la recherche. Par une approche ouverte de la démographie, il mobilise un large éventail de disciplines comme l’économie, l’histoire, la géographie, la sociologie, l’anthropologie, la biologie, l’épidémiologie. Fort de ses 11 unités de recherche (nouvelle fenêtre), il encourage les échanges et conduit de nombreux projets de recherche européens ou internationaux.

Contact

Emmanuelle Cambois, directrice de recherche, INED
Courriel : cambois@ined.fr

Référence du projet : n° 150
Appel à projets permanent 2011 – Handicap et perte d’autonomie (partenaire : IReSP)
Titre : Inégalités de santé entre hommes et femmes : regards croisés sur les facteurs familiaux, professionnels et de santé (projet dirigé par Emmanuelle Cambois).

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