Comprendre la façon dont la dépendance s’installe chez les personnes âgées

Publié le : 01 juin 2014-Mis à jour le : 21 août 2023

Pour les personnes âgées, la dépendance est souvent définie comme une difficulté à accomplir les activités du quotidien sans recours à une aide humaine. La dimension psychosociale étant difficile à appréhender, les chercheurs se sont concentrés sur la mesure des capacités fonctionnelles des personnes âgées pour exécuter les activités quotidiennes de base (faire sa toilette, s’habiller, s’alimenter, aller aux w.c., réaliser le transfert lit-fauteuil et la continence) et les activités instrumentales (utiliser le téléphone, faire les courses, utiliser les transports, gérer la prise de médicaments et le budget). Plus de 3 000 personnes ont participé à cette étude (période 1988-2010). Ce travail a permis d’étudier l’histoire naturelle de la dépendance et d’identifier les étapes clés du processus de dépendance. Ces processus sont complexes et variables d’une personne à l’autre. Les résultats de cette étude confirment par exemple que les trajectoires fonctionnelles sont spécifiques au sexe, les hommes conservant un meilleur statut fonctionnel par rapport aux femmes, indépendamment de l’âge au moment du décès ou du niveau d’études.
L’étude des trajectoires fonctionnelles constitue un outil de pronostic essentiel pour les cliniciens afin d’anticiper et de mieux adapter les besoins de prise en charge liés à la dépendance. Connaître le point d’entrée dans le processus est primordial pour pouvoir prévenir la détérioration fonctionnelle ou la retarder.

La description de l’histoire naturelle de la dépendance peut aussi être un moyen de détecter chez certains sujets le moment où ils rentrent dans une phase de démence ; certaines spécificités fonctionnelles peuvent être indicatrices d’un déclin cognitif plus difficilement objectivable par les tests neuropsychologiques. Elles peuvent également être utiles pour suivre la progression de la maladie et la traduire en seuils cliniques qui aient un sens pour tous (malades, familles, cliniciens, décideurs). Le groupe de conception a probablement sous-évalué la difficulté ou la réticence de certains enquêtés à choisir eux-mêmes la modalité de réponse fermée, car leur situation leur paraît variable d’un jour à l’autre ou plus nuancée que les modalités de réponse proposées. De ce point de vue, si des progrès peuvent être faits dans les consignes aux enquêteurs, il pourrait également être utile d’associer les concepteurs de l’enquête à la phase de test, afin de mesurer l’ampleur de ces situations et de tenter d’y remédier.

N. B. Les résultats présentés ici sont issus des recommandations du rapport final (2014, ZIP 519,25 Ko).

Pour plus d’information sur ce projet

  • EDJOLO A., PROUST-LIMA C., DELVA F., et al. « Natural History of Dependency in the Elderly: A 24-Year Population-Based Study Using a Longitudinal Item Response Theory Model », American Journal of Epidemiology, 2016.
  • PÉRÈS K., MATHARAN F., DAIEN V., et al. « Visual loss and subsequent activity limitations in the elderly: The Three-City Cohort », American Journal of Epidemiology, 107(4), avril 2017, p. 564-569.

À propos du laboratoire

Ce travail a été réalisé par Arlette Edjolo dans le cadre de sa thèse (sous la direction de Karine Pérès) au sein de l’équipe « Psycho-épidémiologie du vieillissement et des maladies chroniques » du centre de recherche INSERM UMR1219 (ex U897), de l’université de Bordeaux.
Les recherches développées par cette équipe dirigée par Hélène Amieva associent des méthodes issues de l’épidémiologie et de la psycho/neuropsychologie afin d’étudier l’influence des facteurs, notamment psychosociaux, sur les trajectoires cliniques et l’utilisation des soins de santé dans les maladies chroniques et le vieillissement. Une partie de l’équipe est particulièrement impliquée dans l’étude du rôle de ces facteurs dans le syndrome de « fragilité ».
L’un des axes de recherche concerne l’étude du processus d’évolution vers l’incapacité et la perte d’autonomie en passant par la fragilité. L’équipe a d’ailleurs été récemment labellisée Laboratoire international associé (LIA) intitulé « Fragilité, cognition et vieillissement » par l’INSERM et l’Institut national mexicain de gériatrie (INGER).
Les travaux portent essentiellement sur les données issues de cohortes épidémiologiques (Paquid, 3Cités et AMI). Ces données permettent l’étude du vieillissement cérébral et fonctionnel de plus de 14 000 personnes âgées suivies pour certaines depuis près de 30 ans en population générale. La richesse des données mesurées et la longueur exceptionnelle des suivis au cours du temps offrent une opportunité unique pour l’étude de processus multifactoriels, évolutifs, à long terme, comme la perte d’autonomie ou encore la démence.
 

Contact

Karine Pérès - INSERM UMR1219 (ex U897)
Équipe Psycho-épidémiologie du vieillissement et des maladies chroniques, université de Bordeaux
Courriel : karine.peres@u-bordeaux.fr

Référence du projet n° 140
Appel à projets 2011 – Handicap et perte d’autonomie (IReSP)
Titre : L’épidémiologie de la dépendance du sujet âgé (Karine Peres).

 

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