Transition à l’âge adulte des jeunes souffrant de troubles psychiques

Après avoir décrit la grande variabilité des parcours de prise en charge des jeunes souffrant de troubles psychiques, les chercheurs ont voulu comprendre ce qui fait varier ces parcours en analysant les arguments des professionnels et leurs interprétations des troubles psychiques apparus chez ces jeunes (16-25 ans). Ils ont accordé une importance particulière aux interactions entre les jeunes, leurs proches et les professionnels dans la négociation de ces trajectoires en partant du constat que celles-ci sont modelées différemment selon les premiers guichets auxquels les jeunes et/ou leurs familles s’adressent et également selon leurs profils sociologiques. Ils ont également tenu compte du point de vue des jeunes eux-mêmes, de leur subjectivité, de l’expérience des troubles, tout en analysant la manière dont ces jeunes se confrontent à la fois à des savoirs professionnels et à des cadres institutionnels.

Dans un premier temps, les variables qui déterminent l’orientation des parcours ont été identifiées : la gravité des troubles, les registres interprétatifs des troubles (médical, social, familial, sociétal...), l’organisation et l’économie de l’offre en santé mentale, les capacités de négociation des proches avec les acteurs institutionnels, le traitement social des troubles (médicalisation de l’échec scolaire, psychiatrisation de la souffrance sociale, inégalités sociales et impact sur la santé et le soin) et enfin le rôle du milieu scolaire (comme lieu d’expression des troubles, de repérage, de négociation de leur qualification, mais aussi d’adaptation pour y faire face).

Dans un deuxième temps, les chercheurs ont étudié le devenir adulte du point de vue de ces jeunes (que leur handicap psychique soit reconnu institutionnellement ou non). Ont été analysés leur rapport aux pairs, les variations dans leur rapport à la scolarité, le rapport entre le handicap vécu quotidiennement et l’offre publique d’accompagnement spécifique (avec une offre faible en dehors du champ médico-social, une reconnaissance institutionnelle stigmatisée, tardive dans les parcours, notamment du fait du flou diagnostic et du renvoi des accompagnements institutionnels vers les familles), leur rapport aux temps sociaux (nuit/jour notamment), le retrait social comme moyen de se soustraire aux obligations sociales de la jeunesse et in fine la reconnaissance et le statut social recherchés comme moyens « d’être au monde ».

À propos du laboratoire

Le laboratoire Arènes (nouvelle fenêtre) réunit des chercheurs en science politique, en science de l’information-communication, en sociologie, en anthropologie, en histoire, en géographie et en éducation à la santé. Il rassemble des chercheurs travaillant le « politique » sous des aspects aussi variés que l’usage des médias et les métiers du politique, l’analyse des politiques publiques, la sociologie de l’engagement et des mobilisations dans des domaines spécifiques comme la santé, la jeunesse, les personnes âgées, les publics vulnérables, les faits migratoires, l’environnement et les territoires, les processus de démocratisation, qui s’inscrivent dans les orientations scientifiques des établissements tutelles, universités, Sciences Po Rennes et l’École des hautes études en santé publique (EHESP). Le CNRS apporte son soutien sur des thématiques émergentes.
Trois équipes pluridisciplinaires :

• politiques sociales et de santé. Inégalités et populations (Blanche Le Bihan, Claude Martin, Béatrice Valdes) ;
• engagement, vie politique et médias (Christophe Gimbert, Christine Guionnet, Bleuwenn Lechaux) ;
• institutions et échelles d’action publique (Thomas Frinault et Sébastien Ségas).

Claude Martin est également titulaire de la chaire « enfance, bien-être et parentalité » de l’EHESP.

Contacts

Claude Martin, sociologue, directeur de recherche au CNRS et professeur affilié à l’EHESP
Courriel : claude.martin@ehesp.fr

Céline Rothé, ingénieure de recherche, EHESP
Courriel : celine.rothe@ehesp.fr