Évaluer l’employabilité de personnes schizophrènes

Publié le : 11 mars 2011-Mis à jour le : 14 août 2019

Le concept de « Real-World Functioning » (RWF), qu’on peut traduire par « fonctionnement dans un environnement réel », est progressivement apparu dans la littérature internationale relative à l’insertion professionnelle des personnes schizophrènes.

L’objectif de ce projet de recherche était de réfléchir à la pertinence de ce nouveau concept, d’en faire une analyse critique avant de s’engager dans des actions opérationnelles d’évaluation de l’employabilité des sujets schizophrènes. Concrètement, le travail a consisté à réaliser une revue détaillée de la littérature, à organiser un colloque scientifique rassemblant plusieurs experts internationaux et à réaliser une première étude empirique auprès d’un certain nombre d’établissements de la région parisienne.

De ces travaux, il ressort que l’expression « Real-World Functioning » désigne « ce que la personne fait réellement » par opposition à « ce que la personne peut faire » dans des conditions optimales. En effet, la performance de la personne schizophrène est influencée par ses habiletés cognitives, mais aussi par une variété de facteurs motivationnels et environnementaux, ce qui rend très difficile l’évaluation a priori de ses capacités dans les tâches de la vie quotidienne, dans son fonctionnement social et dans son insertion professionnelle. La revue de littérature n’a pas permis d’identifier une méthodologie pleinement convaincante d’évaluation de l’employabilité : les chercheurs ont donc retenu les six outils d’évaluation les plus souvent cités.

L’analyse de la littérature a révélé une autre notion, celle de « rétablissement » (« recovery »). C’est désormais à l’individu de définir ses objectifs et de trouver la voie singulière de son rétablissement. Il doit être reconnu comme personne capable d’autodétermination et en situation d’exercer ses choix. Cette notion nouvelle de rétablissement a eu des répercussions sur les pratiques tant du point de vue épistémologique qu’éthique puisqu’on ne vise plus la guérison des patients, mais leur capacité à se rétablir dans la vie sociale.

L’étude empirique réalisée auprès de professionnels de l’insertion sur la base d’entretiens a révélé l’extrême diversité des situations et a fait ressortir les facteurs importants à prendre en compte : maintien des soins et régularité du suivi, définition d’un projet professionnel précis, motivation, préparation du projet, information en amont des entreprises, préparation du collectif de travail, adaptation des postes, dispositif spécialisé de soutien, évaluation régulière… Cette diversité des facteurs confirme la nécessité d’une approche globale dans l’élaboration de meilleures stratégies pour l’insertion des personnes schizophrènes dans le « monde réel » du travail.

Pour plus d’information sur ce projet

  • PLAGNOL A. « Pathologie schizophrénique et insertion professionnelle », La Lettre du psychiatre, n° 6, 2009, p. 118-121.
  • MATRAT V., GRENIER K. « Real-World functioning et insertion : une nouvelle perspective ? », La Lettre du psychiatre, n° 6, 2009, p. 126-129.
  • LEPLÈGE A. « Évaluation de la réinsertion professionnelle du point de vue des sujets : mesures de qualité de vie », La Lettre du psychiatre, n° 6, 2009, p. 131-136.
  • PACHOUD B., PLAGNOL A., LEPLÈGE A. « Outcome, recovery and return to work in severe mental illnesses », Disability and Rehabilitation, 32(12), 2010, p. 1043-1050.
  • PACHOUD B., LEPLÈGE A., PLAGNOL A. « La problématique de l’insertion professionnelle des personnes présentant un handicap psychique : les différentes dimensions à prendre en compte » (nouvelle fenêtre), Revue française des affaires sociales, 2009, p. 257-277.
  • MATRAT V. Évaluer le fonctionnement en environnement réel des personnes en situation de handicap psychique. Pourquoi ? Comment ? – Une clarification conceptuelle de la notion de « Real-World Functioning », mémoire de master 2 recherche en Histoire et Philosophie des sciences, université Paris Diderot, 2010.

À propos du laboratoire

L’unité SPHÈRE (Sciences, Philosophie, Histoire) – nouvelle fenêtre – est née en 2009 de la réunion de deux unités : le CHSPAM (Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, ancienne UMR 7062), créé en 1972, et REHSEIS (Recherches épistémologiques et historiques sur les sciences exactes et les institutions scientifiques, ancienne UMR 7596), créé en 1984.

Le domaine de recherche de SPHÈRE se situe à la rencontre des sciences, de la philosophie et de l’histoire. Son but le plus général est de contribuer à la compréhension des formes de l’activité rationnelle, dans une acception large de ce qui, au cours des époques et selon les aires culturelles, a pu être conçu comme tel.

Contact

Alain Leplège MD, PhD
Professeur des universités, département HPS, université Paris Diderot – USPC
Chercheur statutaire, UMR 7219 SPHÈRE, chercheur associé EA 4360 APEMAC.
Courriel : alain.leplege@univ-paris-diderot.fr

Référence du projet n° 032
Appel à projets 2008 – Handicap psychique, autonomie, vie sociale (partenaire : DREES)
Titre : Élaboration d’une stratégie d’évaluation des facteurs fonctionnels prédictifs de l’insertion professionnelle des sujets schizophrènes (A. Leplège).

Documents à télécharger

Fiche de résultat de recherche : Évaluer l’employabilité de personnes schizophrènes (PDF, 213.12 Ko)
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