Difficultés quotidiennes des personnes souffrant de schizophrénie

Publié le : 02 juin 2010-Mis à jour le : 13 août 2019

La schizophrénie est la cause de limitations sévères dans les activités quotidiennes. Elle est à l’origine d’un véritable handicap social qui se manifeste par une participation réduite au sein du couple, de la famille, du milieu professionnel et plus largement de la société. Ces limitations fonctionnelles sont les cibles prioritaires pour les interventions thérapeutiques. Cependant, la nature de ces problèmes fonctionnels est encore très mal connue. Bien qu’elle n’affecte pas l’intelligence proprement dite de la personne, la schizophrénie occasionne souvent un certain nombre de déficits cognitifs qui perturbent l’attention, la mémoire, l’apprentissage et le traitement de l’information. Ces déficits cognitifs sont présents dès le début de la maladie. Certains travaux antérieurs ont montré que les déficits cognitifs contribuent de manière déterminante à ces difficultés fonctionnelles.

L’objectif de ce projet de recherche était donc de mieux comprendre la nature des difficultés quotidiennes rencontrées par les personnes souffrant de schizophrénie, tout d’abord en les caractérisant, en identifiant les facteurs cognitifs susceptibles de prédire les difficultés, en comprenant mieux les processus cognitifs impliqués dans une activité nouvelle et multitâche telle que l’organisation d’une réunion et en étudiant l’hétérogénéité fonctionnelle et cognitive. 45 personnes présentant une schizophrénie ont participé à ces travaux dont la difficulté était d’ordre méthodologique.

Cette étude a montré qu’il existait sur cet échantillon une variabilité très grande, tant sur le plan cognitif que fonctionnel : chaque personne doit donc être prise dans sa singularité. Elle a également montré qu’il existait fréquemment une dissociation entre déficits cognitifs et capacité fonctionnelle. Sur le plan clinique, il est donc recommandé au moment du bilan d’analyser, pour chaque individu, l’ensemble de ses déficits cognitifs et de ses difficultés fonctionnelles. La grande hétérogénéité cognitive nécessite de sélectionner des épreuves qui couvrent l’ensemble des domaines cognitifs de façon à mettre en place un programme de remédiation cognitive adapté. De la même façon, étant donné la grande variabilité des capacités fonctionnelles des personnes, il est souhaitable de réaliser des évaluations fonctionnelles qui rendent compte d’un large panel d’activités quotidiennes. En tenant compte des résultats de ces deux évaluations, cognitive et fonctionnelle, il devient possible d’aménager le plus efficacement possible l’environnement des personnes en installant des aides pratiques palliatives pour contourner les difficultés quotidiennes.

Pour plus d’information sur ce projet

  • LEVAUX M.-N., OFFERLIN-MEYER I., LAROI F., et al. « Programme de remédiation de l’attention pour la réduction de pensées intrusives dans la schizophrénie : Une étude de cas », in ADAM S., ALLAIN P., AUBIN G., et al. Actualités en rééducation neuropsychologique : Études de cas, Solal, 2009, p. 157-186.
  • LEVAUX M.-N., OFFERLIN-MEYER I., LAROI F., et al. « Déficits cognitifs et difficultés d’insertion professionnelle chez des personnes présentant une schizophrénie », in DELBECQ J., WEBER F. Revue française des affaires sociales, n° 1-2, 2009, p. 239-255.
  • LEVAUX M.-N., OFFERLIN-MEYER I., LAROI F., et al. « The effectiveness of the attentional training technique in reducing intrusive thoughts in schizophrenia: a case study », Clinical Case Studies, 10 (6), 2011, p. 466-484.
  • LEVAUX M.-N., OFFERLIN-MEYER I., LAROI F., et al. « Rehabilitation of executive functions in a real-life setting: goal management training applied to a person with schizophrenia », Case Reports in Psychiatry, vol. 2012, 2012, 503023.
  • LEVAUX M.-N., FONTENEAU B., LAROI F., et al. « An individualized and everyday life approach to cognitive rehabilitation in schizophrenia : a case illustration », Rehabilitation Research and Practice, vol. 2012, 2012, 928294.

À propos du laboratoire

Neuropsychologie cognitive et physiopathologie de la schizophrénie (unité INSERM 1114 – nouvelle fenêtre).
Le diagnostic de schizophrénie repose sur les symptômes cliniques, alors que la pathologie inclut des troubles cognitifs invalidants, sur lesquels les antipsychotiques sont sans effet. Le laboratoire a identifié deux séries de troubles cognitifs qui pourraient mieux caractériser la schizophrénie : les troubles de la mémoire autobiographique, qui touchent le sens de l’identité personnelle, et des troubles cognitifs plus élémentaires qui conduisent à une rupture du sens de la continuité du temps. Les chercheurs étudient le rôle joué par ces troubles en explorant par exemple leurs liens avec des symptômes comme le délire et également les liens entre troubles cognitifs et altérations de réseaux neuronaux. Les travaux conduisent à deux types de concepts thérapeutiques : d’une part, des méthodes de remédiation cognitive, en ciblant notamment les troubles de l’identité ; d’autre part, la reproduction des troubles cognitifs plus élémentaires dans les modèles animaux afin de vérifier, à terme, si la stimulation électrique intracérébrale permet de les corriger.

Thématiques : cognition – mémoire – mémoire épisodique – mémoire autobiographique – self – schizophrénie – réhabilitation – remédiation cognitive.

Contact 

Jean-Marie Danion, professeur de psychiatrie
Unité INSERM 1114 – Strasbourg
Courriel : jean-marie.danion@chru-strasbourg.fr

Référence du projet n° 030
Appel à projets 2008 – Handicap psychique, autonomie, vie sociale (partenaire : MiRe-DREES)
Titre : Handicap psychique et schizophrénie : Caractérisation des difficultés dans la vie quotidienne de personnes souffrant de schizophrénie en rapport avec les facteurs cognitifs et cliniques (J.-M. Danion).

Documents à télécharger

Fiche de résultat de recherche : Difficultés quotidiennes des personnes souffrant de schizophrénie (PDF, 209.9 Ko)
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