La CNSA évalue le fonctionnement et l’impact des plateformes des métiers de l’autonomie

Pour renforcer l’attractivité des métiers de l’autonomie et répondre aux fortes tensions RH du secteur, accentuées après la crise du Covid, la CNSA a lancé en 2021, en lien avec le ministère chargé des Solidarités, une expérimentation visant à développer des « plateformes des métiers de l’autonomie ».

Ce dispositif, qui faisait écho à l’une des recommandations du rapport El Khomri, avait pour vocation d’apporter une réponse locale aux besoins croissants en recrutement et aux difficultés rencontrées par la majorité des employeurs médico-sociaux.

À la suite d’un appel à projets national, 19 plateformes ont été retenues et ont bénéficié d’un financement pluriannuel de la CNSA, à hauteur d’environ 12 millions d’euros. Déployées dans 22 départements, elles prennent des formes variées, tout en associant systématiquement les acteurs de l’emploi et de l’insertion, les acteurs de l’autonomie et les employeurs.

24 mois d’évaluation sur le fonctionnement et l’impact des plateformes

Conformément au cadre de l’expérimentation, une évaluation de leur fonctionnement et leur impact a été initiée à compter de 2023 pour une période de 24 mois.

Quatre atouts principaux ont été relevés :

1. Valorisation innovante des métiers et du secteur médicosocial

   Les plateformes contribuent à améliorer la visibilité des métiers du champ de l’autonomie, notamment auprès des demandeurs d’emploi, des personnes en insertion et des jeunes. Les actions menées sur les territoires mobilisent des outils innovants (ateliers immersifs « Vis ma vie », serious games, casques de réalité virtuelle, simulateurs de vieillissement, etc.) et s’inscrivent dans le cadre de portes ouvertes organisées dans des structures d’accueil ou des établissements scolaires, ou encore à travers des campagnes de communication ciblées.

   Ces plateformes participent également à diffuser une image positive de ces métiers, en valorisant leur diversité et les perspectives d’évolution qu’ils offrent auprès des professionnels chargés du repérage de candidats potentiels et de l’accompagnement. En 2023, 700 actions ont été menées auprès de France Travail ou des missions locales.

2. Consolidation des projets d’orientation

   Les coopérations établies entre les plateformes et les professionnels du réseau pour l’emploi favorisent des orientations plus nombreuses et de meilleure qualité vers les métiers de l’autonomie. 57% des bénéficiaires des actions de promotion expriment ainsi le souhait de s’orienter vers un des métiers du secteur.

3. Accompagnement renforcé vers les métiers de l’autonomie

   Les plateformes se distinguent par la qualité et l’efficacité de leur accompagnement. Grâce à des modalités souples et personnalisées, elles répondent aux besoins des personnes accompagnées, en facilitant leur orientation vers une formation ou un emploi dans le secteur, tout en sécurisant leur parcours et leur prise de poste pour favoriser des recrutements durables.

   En 2023, 12 plateformes ont accompagné plus de 5 600 personnes. Parmi elles, 43 % ont accédé à une formation ou à un emploi, un taux de réussite relativement élevé. La grande majorité des sorties vers l’emploi (80 %) se fait dans les services d’aide à domicile (SAD), principalement sur trois postes : aide-soignant (28 %), accompagnant éducatif et social (21 %) et assistant de vie aux familles (17 %).

4. Décloisonnement territorial et partenarial

   L’atout majeur des plateformes réside dans leur capacité à décloisonner les secteurs de l’autonomie, de l’emploi, de la formation et de l’insertion. En favorisant la coopération entre ces différents acteurs, elles ont permis de construire des dynamiques territoriales plus cohérentes et plus efficaces.

   Certaines plateformes se sont particulièrement distinguées par des partenariats structurés, notamment avec France Travail. Cela s’est traduit par le développement de périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP) et par la mise en place de préparations opérationnelles à l’emploi collectives (POEC) sur mesure.

   L’expérimentation a également permis à plusieurs départements de renforcer les liens entre leurs services en charge de l’autonomie et ceux en charge de l’insertion, notamment pour accompagner les allocataires du Revenu de Solidarité Active (RSA) vers les métiers du secteur.

Deux points d'amélioration :

1. Mettre en place une gouvernance stratégique des plateformes, élargie à l’ensemble des parties prenantes, y compris aux agences régionales de santé. L’objectif est également d’en faire, auprès des régions, un outil opérationnel du Service Public Régional de l’Orientation et de la Formation Professionnelle (SPRO).
2. Impliquer davantage les employeurs médico-sociaux, pour qu’ils s’approprient pleinement ces outils et participent activement à leur mise en œuvre.

Vers une généralisation d’ici à 2027

L’expérimentation conduite depuis 2021 a démontré un réel potentiel au service de l’attractivité des métiers de l’autonomie. Les plateformes des métiers disposent aujourd’hui d’une certaine légitimité auprès des acteurs locaux.

Pour poursuivre et amplifier ces actions à l’échelle nationale, la CNSA se prépare à accompagner la généralisation du dispositif d’ici à 2027. En lien avec la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), elle étudie les modalités opérationnelles de ce déploiement, en l’ancrant à la fois dans les champs de l’autonomie, de l’emploi et de l’insertion. Dans cette perspective, la CNSA entend associer étroitement l’ensemble des partenaires institutionnels et professionnels concernés, afin de garantir une mise en œuvre concertée, cohérente et adaptée aux spécificités territoriales.