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Mieux connaître les personnes handicapées avançant en âge grâce aux données d’enquêtes

La conjugaison du handicap et du vieillissement est un enjeu pour nos sociétés. Elle appelle des réponses adaptées aux besoins de prise en charge des personnes handicapées avançant en âge : aux nouvelles déficiences liées à l’âge peut s’ajouter une possible aggravation des déficiences existantes. Cela suppose de mieux connaître cette population, y compris dans ce qui la distingue des personnes âgées en perte d’autonomie.

Publié le 28 février 2019

En partant des données de l’enquête Handicap-Santé (HS), l’objectif de la recherche était d’identifier et d’analyser les caractéristiques communes ou au contraire distinctives des personnes handicapées avançant en âge (PHAA) et des personnes âgées en perte d’autonomie (PA), qu’elles vivent au domicile (volet « ménage » de l’enquête) ou en institution (volet « institution » de l’enquête). Les personnes handicapées avançant en âge sont définies comme des personnes pour lesquelles la situation de handicap a précédé le vieillissement, c’est-à-dire des personnes âgées de 50 ans et plus dont la première déficience est apparue avant l’âge de 60 ans. Les personnes âgées en perte d’autonomie sont quant à elles définies comme des personnes âgées de 60 ans ou plus dont la première déficience est survenue après 60 ans. La recherche est organisée en deux temps : une première étape de description et de comparaison des populations et une seconde étape d’étude des répercussions du handicap dans la vie quotidienne par l’analyse des besoins d’aide.  

La comparaison des personnes handicapées avançant en âge vivant à domicile et en institution révèle que l’âge paraît être un facteur associé à l’institutionnalisation : plus de 45 % des personnes handicapées avançant en âge vivant en institution sont âgées de 70 ans et plus, contre 22 % de celles vivant au domicile. Par ailleurs, 72 % des personnes handicapées avançant en âge vivant à domicile sont en couple, et 82 % ont au moins un enfant ; en institution, seuls 5 % des personnes handicapées avançant en âge sont en couple, et 62 % d’entre elles n’ont pas d’enfant. Les personnes handicapées avançant en âge à domicile semblent également disposer d’un niveau d’éducation plus élevé que celles en institution : elles ne sont que 22 % à n’avoir aucun diplôme, contre 59 % en institution.

Si l’on s’intéresse aux personnes âgées de 60 ans et plus vivant au domicile, les personnes handicapées avançant en âge (de plus de 60 ans donc) sont plus jeunes que les personnes âgées en perte d’autonomie (59 % ont entre 60 et 69 ans, contre 16 %), sont plutôt plus des hommes que des femmes (45 % contre 38 %), vivent plus souvent seules (26 % contre 37 %) et sont plus nombreuses à ne déclarer aucun aidant proche (71 % contre 59 %) ni aucun aidant professionnel (85 % contre 70 %).

Après ce travail de description des populations, l’équipe de recherche s’est donc intéressée aux besoins d’aide : aide pour réaliser une activité de la vie quotidienne (AVQ – se laver, se nourrir…) et aide pour réaliser une activité instrumentale de la vie quotidienne (AIVQ – faire des courses, préparer les repas…). Contrairement à l’intuition première, les besoins d’aide déclarés des personnes handicapées avançant en âge sont systématiquement moins importants que ceux des personnes âgées en perte d’autonomie.

Ainsi, si l’on considère l’ensemble des personnes âgées de 60 ans et plus vivant au domicile, 7 % des personnes handicapées avançant en âge ont déclaré ne pas pouvoir réaliser seules au moins une AVQ, et 19 % au moins une AIVQ, contre respectivement 14 % et 32 % pour les personnes âgées en perte d’autonomie. Par exemple, 12 % des personnes handicapées avançant en âge déclarent ne pas pouvoir faire des courses seules, contre 22 % pour les personnes âgées en perte d’autonomie ; 9 % des personnes handicapées avançant en âge déclarent ne pas pouvoir prendre seules les transports en commun, contre 18 % pour les PA. De plus, 10 % des personnes handicapées avançant en âge ont rapporté ne pas pouvoir réaliser ou avoir de grandes difficultés à réaliser seules au moins une AVQ, et 26 % au moins une AIVQ (contre respectivement 19 % et 41 % des PA). Par exemple, 6,3 % des personnes handicapées avançant en âge déclarent avoir besoin d’aide pour se laver, contre 12,3 % pour les personnes âgées en perte d’autonomie.

À propos du laboratoire

L’unité mixte de recherche Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l’information médicale (SESSTIM) regroupe trois équipes de recherche interdisciplinaires en sciences économiques et sociales, en épidémiologie sociale et en biostatistique et informatique médicale centrées sur des applications aux cancers, aux maladies infectieuses et transmissibles et aux maladies chroniques liées ou non au vieillissement. Les membres de ces équipes ont des connaissances, des compétences et une expertise dans le domaine des sciences humaines et sociales, de la recherche communautaire, des sciences économiques, de l’épidémiologie, de l’épidémiologie psychosociale, de l’anthropologie, de la sociologie, de la géographie, de la biostatistique et de l’informatique médicale.

Site internet du SESSTIM (nouvelle fenêtre)

Contact

Alain Paraponaris

Professeur d’économie de la santé

Aix-Marseille université, faculté d’économie et de gestion

Courriel : alain.paraponaris@univ-amu.fr

Référence du projet n° 234

Appel à projets Personnes handicapées avançant en âge (2015) – Institut de recherche en santé publique (IReSP)

Titre : Personnes handicapées avançant en âge : regards économiques et sociaux (A. Paraponaris).

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