Conditions de vie des personnes âgées et de leurs aidants : une comparaison France-Irlande

Publié le : 01 février 2010-Mis à jour le : 20 août 2019

Les analyses menées sur les conditions de vie des personnes âgées et de leurs aidants ont fait ressortir :

  • les difficultés importantes auxquelles sont confrontées nombre de personnes âgées au quotidien. Les personnes âgées expriment des besoins d’aide pour réaliser les activités essentielles de la vie courante. D’après les données de l’enquête Handicap-Santé Ménages (2008) en France, près de 30 % des personnes âgées de 75 ans et plus ne sont pas autonomes pour les activités instrumentales de la vie quotidienne, comme faire les courses, préparer les repas ou prendre les médicaments. Ces situations peuvent devenir d’autant plus graves que la perte d’autonomie n’est pas compensée par des aides humaines et/ou techniques. Or, entre 10 et 15 % de ces personnes, confrontées à des difficultés majeures au quotidien, ne reçoivent pas d’aide humaine ; en outre, entre 25 et 35 % jugent l’aide reçue insuffisante ;
  • l’existence de certaines inégalités sociales, y compris aux âges avancés. Les estimations économétriques ont montré des différences significatives de conditions de vie en fonction du genre, des facteurs socio-économiques et environnementaux. Les revenus conditionnent les modalités de compensation des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne. Les personnes appartenant aux catégories sociales moins favorisées semblent avoir un moindre recours à l’aide formelle. Les coûts et les difficultés d’accès à ces services peuvent avoir des répercussions sur la façon dont sont soignées les personnes âgées;
  • le poids supporté par les aidants informels. Une tentative d’estimation du coût de l’aide apportée aux personnes âgées a été menée. En appliquant le coût du SMIC horaire incluant les charges patronales en 2008 (soit 12,42 euros), la méthode, bien qu’approximative, révèle l’importance de l’effort financier consenti par les proches aidants pour subvenir aux besoins d’aide des personnes âgées : les coûts de l’aide qu’ils apportent sont estimés entre 5,5 milliards d’euros et 10,4 milliards d’euros, tandis que l’aide formelle varierait entre 4 et 5,5 milliards ;
  • l’importance du contexte institutionnel, au travers de l’offre de soins et de services et des mesures publiques de prise en charge de la perte d’autonomie. La comparaison entre les situations françaises et irlandaises fait apparaître des différences notables. Par exemple, moins de 10 % des personnes âgées de 65 ans et plus vivant en Irlande bénéficient d’une aide formelle, contre près d’un quart en France. Néanmoins, en moyenne, le nombre d’heures d’aide reçue est plus important en Irlande. On observe également une différence significative quant à la proportion de besoins non satisfaits : un tiers des Irlandais sont confrontés à cette situation, contre un quart des Français. Ce résultat laisse ainsi penser que l’offre et la disponibilité d’aide formelle et informelle, qui diffèrent entre les deux pays, ont un impact prégnant sur les conditions de vie des personnes en perte d’autonomie.

Pour plus d’information sur ce projet

  • GANNON B., DAVIN B. « Use of formal and informal care services among older people in Ireland and France », European Journal of Health Economics, n° 11, 2010, p. 499-511.
  • PARAPONARIS A., DAVIN B., VERGER P. « Formal and informal care for disabled elderly living in the community: an appraisal of French care composition and costs », European Journal of Health Economics, n° 13(3), p. 327-336.
  • DAVIN B., PARAPONARIS A. « Malade d’aider ? Les répercussions de l’aide apportée par les proches aux malades Alzheimer », Retraite & Société, n° 69, 2014, p. 143-158.

À propos du laboratoire

L'unité SESSTIM (Sciences économiques & sociales de la santé & traitement de l’information médicale) – UMR INSERM/IRD/Aix Marseille Université – et l’ORS PACA (observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur) développent un partenariat scientifique depuis 1994. Le SESSTIM regroupe trois équipes interdisciplinaires en sciences économiques et sociales, en épidémiologie sociale et en biostatistique et informatique médicale centrées sur des applications aux cancers (équipe 1 CAN-BIOS), aux maladies infectieuses et transmissibles (équipe 2 ESSEM) et aux maladies chroniques liées ou non au vieillissement (équipe 3 CRISSPOP).

L’ORS collecte et analyse des données produites par de nombreux organismes partenaires pour élaborer des documents synthétiques (baromètres, tableaux de bord, diagnostics de territoire...) et mettre à disposition des données de cadrage sur la santé des habitants de la région et ses déterminants. Pour améliorer les connaissances sur les comportements de santé de la population régionale (enfants, étudiants, sportifs, population âgée, population générale), l’ORS mène des recherches en répondant à des appels à projets de recherche nationaux. L’ORS a développé des activités d’appui et de transfert des connaissances pour les acteurs régionaux. L’expertise scientifique développée à l’ORS depuis plus de vingt ans permet de mettre en perspective les résultats des travaux d’observation socio-sanitaire au niveau régional. Cela permet d’être plus pertinent dans l’accompagnement des acteurs locaux et des décideurs pour identifier les besoins prioritaires de services de santé des personnes vivant sur le territoire régional.

Contact

Bérengère Davin, économiste de la santé, chargée de recherche à l’Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur
Courriel : berengere.davin@inserm.fr

Référence du projet n° 002
Appel à projets 2007 – Appel à projets européen FLARE (CNAV)
Titre : Économie de l’aide formelle et informelle aux personnes âgées (B. Davin).

Documents à télécharger

Fiche de résultat de recherche : Conditions de vie des personnes âgées et de leurs aidants : une comparaison France-Irlande (PDF, 133.68 Ko)
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